mardi 24 mai 2016

Comment atteindre l'efficacité ?



Certains pratiquants d’arts martiaux ont comme motivations la recherche du bien-être, pratiquer une activité physique, rechercher un certain équilibre, etc… 
Pour ma part, ce sont des conséquences positives, mais secondaires. Depuis ma jeunesse je pratique les arts martiaux avec comme motivation principale l’efficacité. Être capable de défendre ma vie et celle de ma famille dans une situation de danger de mort. 

Je pense que la véritable maitrise n’est pas forcément d’exploser, de pulvériser mon adversaire, mais d’être capable de le neutraliser. 
Quelle différence me direz-vous ?
On peut penser qu’être fort permet de vaincre un adversaire avec un instinct sauvage, primaire, mais qui permet de terrasser l’autre. C’est vrai. 
Mais pour moi, être vraiment fort c’est être capable de neutraliser un adversaire en douceur. Avec la capacité de le détruire à n’importe quel moment. C’est rester serein devant cette menace de mort, sans peur, sans perte de nos capacités, sans avoir le cœur qui s’emballe, le souffle court et les jambes coupées. 

Or après 20 ans de travail martial, je crains d’être paralysé devant une telle menace. Quelle perte de temps, d’efforts et d’énergie, si je me faisais balayer comme un moins que rien, après tant d’années de pratique…

Acquérir les techniques, les appliquer et être efficace avec nos partenaires d’entrainement n’est pas un gage de victoire dans une situation réelle de danger. Tant de paramètres sont différents, entre réaliser un exercice entre nous dans notre école et dans la « vraie vie », que je me pose la question : serai-je efficace au moment où je devrai l’être ?

Il s’agit davantage de réussir à Être plutôt qu’à Faire (bien que ces deux aspects se nourrissent l’un l’autre…). Mais il est certain que la technique réalisée avec la peur au ventre ne sera pas aussi efficace que celle effectuée dans notre cadre « scolaire », avec sérénité, détente et sous les conseils précieux de notre Guide... 
Comment rester aussi efficace que dans ces moments ?

Il s’agit bien d’un problème de savoir comment être au moment de mettre en place notre savoir-faire. C’est ce savoir être qui déterminera l’efficacité de notre savoir-faire, lorsque nous aurons à le mettre en pratique…

J’ai donc posé ces doutes à mon Maitre.

Et mon Maître m’a dit : « Lorsqu’une situation de combat se dessine, tu dois penser à mettre tellement de choses en place, que tu ne peux pas penser que l’autre parait plus grand, plus fort, plus méchant que toi ». 

Et c’est vrai que si nous prenons l’exemple de la conduite, imaginez-vous prêt à prendre un virage serré à vive allure. Nous nous mettons sur le rapport de vitesse qui nous parait approprié, nous adaptons l’allure, pour être en pleine vitesse au point de corde, nous calculons les angles d’arrivée de notre trajectoire et de sortie du virage en tenant compte de la forme de la courbe. Pendant plusieurs secondes, nous vivons une succession d’instants présents qui ne sont que calculs, évaluations des paramètres, adaptations « millimétrées » à la situation, etc… Après coup, nous réalisons ce que nous avons fait, les risques pris etc… Mais sur le moment, nous n’avons pas eu le temps de penser au danger, nous avions tellement d’autres choses à faire… 

Dans la pratique des arts martiaux internes, nous devons entrer dans ce même phénomène. Et ce ne sera qu’après que nous aurons le temps de réaliser le véritable danger auquel nous nous sommes confrontés…

Une phrase mainte fois entendue me vient à l’esprit : « Tu dois te recentrer et faire ce que tu as à faire ».